mercredi 16 novembre 2011

QUI SONT LES INTIMIDATEURS ?

Pour bien comprendre l’ampleur et la complexité des liens entre l’intimidation, les résultats scolaires et les caractéristiques socio affectives des élèves il faudrait aussi s’intéresser à l’agressivité et à certaines caractéristiques des intimidateurs. Les facteurs génétiques, l’environnement familial et le milieu scolaire et autres facteurs contextuels peuvent être déterminants dans toute cette dynamique complexe.


Les déterminants génétiques sont très importants et ont une incidence majeure dans le développement d’un individu. Le sexe, la couleur de la peau, les yeux, les cheveux et l’existence de plus de 7000 maladies génétiques et plusieurs autres facteurs peuvent être déterminés et influencés par le code génétique des parents qu’hérite un enfant.

Les recherches sur les causes biologiques de l'agression sont nombreuses. Des études sur les influences génétiques ont par exemple permis de constater que la proportion de criminels était plus élevée parmi les hommes dont les parents biologiques étaient des criminels (Lytton, 1990). D’autres avancent que les hommes sont plus susceptibles d'être agressifs que les femmes probablement à cause des niveaux plus élevés de testostérone et de la présence du chromosome Y. Des déficiences biologiques acquises peuvent également influencer le comportement d’un enfant. Des facteurs défavorables peuvent agir sur le foetus et prédisposer l'enfant à naître à l'impulsivité, à l'hyperactivité et à l'agressivité. Par exemple, l'absence de certains éléments nutritifs essentiels durant les périodes critiques du développement ou encore une exposition à des substances toxiques (par ex., alcool, plomb, drogues) peut entraîner des déficits ou des perturbations sur le plan cognitif et sur celui du comportement.

Ces déficits peuvent entraîner de nombreuses conséquences, comme un manque de coordination motrice, une faible intelligence, l'hyperactivité, des troubles du langage, l'impulsivité, des problèmes de maîtrise de soi, une faible tolérance à la frustration, des déficiences sur le plan du traitement de l'information sociale et des difficultés d'apprentissage. Ces mêmes caractéristiques constituent des indices de l'agressivité chez les enfants. (Earlscourt Child and Family Centre., 1995). Certains enfants qui ont de la difficulté à gérer ou à verbaliser leur colère peuvent également développer des comportements déviants ou agressifs. Une combinaison des facteurs biologiques des facteurs liés à l’environnement peuvent également mener des enfants à adopter des comportements violents.


Plusieurs recherches sont en contradiction lorsqu’il s’agit d’anxiété et de l’estime de soi chez les intimidateurs. Olweus (Olweus, 1994) mentionne que les agresseurs ont une forte personnalité, une bonne estime de soi, sont populaire dans leur école et ne souffrent pas d’anxiété. O’Moore et Kirkham (O’Moore et Kirkham 2001), mentionnent plutôt que les agresseurs ont tendance à avoir une faible estime de soi et de l’anxiété quant à leurs capacités intellectuelles, leur apparence physique et leur popularité. Dans le même sens, (Wolke et al. 1996) ont mis en évidence que les harceleurs aimaient aller à l’école, étaient rarement absents, n’avaient pas de problèmes cognitifs et étaient suffisamment intelligents pour ne pas se faire remarquer ni identifier comme agresseurs par les adultes. Notamment en ce qui concerne les maltraitances indirectes comme l’ostracisme et la rumeur, les élèves en question, ayant développé suffisamment de compétences sociales pour manipuler les autres (Blaya, Catherine, 2006).

Selon Boris Cyrulnik, un parent qui est vit avec un traumatisme non résolu tutorise l’enfant vers un développement difficile. Ce traumatisme non résolu est souvent accompagné de trous de mémoire ou encore du complexe du déni. Pour l’enfant qui vit avec des parents blessés, ce non-dit et ce mystère angoissant est très lourd à porter. Ce silence provoque souvent une émotion et un sentiment de honte chez l’enfant. Les enfants qui vivent avec ce sentiment d’attachement ambivalent sont souvent difficile à aimer et ils portent en eux le malaise de leurs parents. J’aime ma mère qui m’angoisse et j’ai peur du père que j’aime.

Dans une étude de Pal et Day (1991) on constate que, lorsqu'ils étaient invités à dire pourquoi des élèves se livraient à des actes de brutalité, les répondants donnaient surtout deux raisons. La première était pour bien paraître (63 %) et la deuxième était pour se sentir puissant (58 %). Donc à la lumière de ceci, il semble que les enfants commettent des actes de brutalité pour tenter de s'adapter à un groupe, pour impressionner des amis ou encore pour se donner une réputation de durs. Les chercheurs (Pal et Day) prennent soin de noter que les réponses étaient les mêmes pour les enfants qui se considéraient eux-mêmes comme des tyrans de cour d'école. Un autre fait important qui est souvent oublié est que les enfants qui brutalisent les autres sont souvent eux-mêmes des victimes d'actes de brutalité, ordinairement de la part d'un groupe d'enfants plus âgés.

D’autres facteurs importants contribuent à l'apparition de l'agression et de la violence chez les enfants. La criminalité des parents, le stress familial, la violence au foyer, l'alcoolisme, la toxicomanie, la dépression
d’un des parents, le fait de vivre dans un quartier à taux élevé de criminalité, l’absence d’un des deux parents, l'absence d'un réseau social d'amis et la surabondance de la violence dans les médias de divertissement et d'information.

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